MAX THEYNET (1875 - 1949) & JEAN-DANIEL DESSARZIN (1946) Deux aventuriers de la peinture neuchâteloise Du 27 août au dimanche 25 septembre 2016 Max Theynet n’a qu’un seul défaut : il est Neuchâtelois ! A ce titre, il est reconnu dans sa patrie comme étant familier, prolixe et, en même temps, omniprésent tant dans les intérieurs des particuliers que chez tous les marchands, à la fois admiré tout en étant décrié. Paradoxe naturel dans un canton où l’on a tendance à ne vouloir jamais reconnaître les talents indigènes, pudeur protestante de bon aloi ou flagellation pour ne pas oser admettre le mérite de tout créateur. Certes, Max Theynet est un artiste inégal dont la production est d’une grande diversité, même si les paysages supplantent les natures mortes. Doté d’une grande générosité, il brosse avec hardiesse des toiles riches en pâte. Sa gestuelle témoigne d’une technique accomplie. Son sens des couleurs l’associe dans ses meilleures pièces aux plus grands, qu’ils soient impressionnistes ou fauves. En fait, Max Theynet est un artiste à part dans le landerneau neuchâtelois, tant par son faire que par l’intensité des couleurs qu’il pose avec force sur ses tableaux, qu’ils soient sur toile, sur carton ou sur tout autre support que sa bourse souvent à plat lui autorise. En fait, il peint avec passion, toujours prêt à donner le fruit de son travail contre de quoi se sustenter et pouvoir poursuivre sa soif de peinture. Sans cesse, il brosse des tableaux, parfois trop vite, trop hâtivement mais toujours avec une patte qui lui appartient en propre si bien que son œuvre est aisément reconnaissable. Il a un style caractérisé par la fougue, voire une violence maitrisée. Après avoir été initié à la peinture pendant trois ans à Saint-Gall par Jean Stauffacher, puis pendant quatre ans à Zurich, il part à Paris où il séjourne six ans, fréquentant l’atelier de Luc-Olivier Merson. A l’instar des grands peintres, il acquiert ainsi toutes les bases de son métier. Tout en se départissant d’un faire académique, Theynet montre dans toute ses œuvres une virtuosité certaine, dont il abuse parfois par excès de célérité mais qui lui permet souvent de réaliser de véritables chefs-d’œuvre sans pour autant qu’ils soient reconnus pour tels. En fait son régionalisme et le fait qu’aucune grande exposition ne lui ait été consacrée, ni que la moindre biographie à son propos n’ait été rédigée, l’ont confiné dans des sphères de reconnaissance limitées. On peut donc le comparer à un aventurier qui a exploré avec force un territoire restreint, qui l’a étudié dans les moindres détails, mais qui n’a jamais osé présenter son travail hors d’un cercle limité. Il manque à Theynet, aujourd’hui encore, l’occasion d’être découvert ailleurs, d’être sorti des frontières neuchâteloises, d’être surtout défendu avec force pour que ses mérites d’artiste soient enfin reconnus à leur juste valeur. De son côté, Jean-Daniel Dessarzin est aussi un trublion dans le cercle des artistes neuchâtelois. Certes, il vit dans une sorte de tour d’ivoire dans laquelle il se replie pour créer seul, sans réelle confrontation avec d’autres artistes. Il est tel le moine reclus dans son ermitage pour simplement peindre, avec passion, obstination, se lançant dans des séries thématiques qu’il exploite jusqu’au paroxysme. Ainsi, il devient tour à tour clown, toréador, gondolier, architecte, armailli, voyageur de l’espace, contemplateur, génissomane, gynécomorpheur, parfois misanthrope mais toujours peintre, tel est Jean-Daniel Dessarzin ! Poussé par une insatiable curiosité cassée sans cesse par l’angoisse de la persécution, Jean-Daniel Dessarzin est au courant de tout. Sans aucun doute, ses antennes extraterrestres lui permettent de s’approprier toutes les ondes cosmiques émises. Cette réception universelle lui donne un don d’ubiquité dû sans doute aux multiples dichotomies de sa personnalité. N’est-il pas doublement vivant comme Claude Garino le suggère dans la biographie autorisée du livre « Dessarzin, moi et moi ». N’a-t-il pas bu l’eau de l’Achéron qui donne la lucidité ? N’a-t-il pas vagabondé sur tous les chemins du monde, juif errant et messie ? Est-il Maure, Viking ou Fribourgeois ? Est-il du reste de quelque part ? Ses racines sont multiples ; elles s’enfoncent dans la terre du monde à la recherche de la vouivre éternelle. Elles le connectent aux arbres sacrés que les Celtes adoraient. Elles le nourrissent de tous les terroirs. Et pour exprimer tous les sucs qu’il accumule, il peint. Il peint avec passion les mondes qui sont les siens. Les multiples facettes de ses nombreuses vies lui servent d’inspiration, de support. Médium de son art, il se divise et se multiplie, renouant à chaque fois avec les arcanes de l’art qu’il assouplit à sa guise. Il est peintre comme d’autres sont pasteurs. Son énergie vient de sa vocation et celle-ci est inextinguible malgré les aléas de la vie. En peignant, Jean-Daniel Dessarzin donne du sens à sa vie, comme l’aventurier à la recherche d’une terra incognita « au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau », comme le dit si bien Baudelaire. Theynet et Dessarzin réunis, voilà une rencontre complémentaire entre deux artistes prolifiques : un coloriste passionné et un angoissé coloriste ! Patrice Allanfranchini Juillet 2016
Le peintre Jean-Daniel Dessarzin est né le 2 septembre 1946 à Fribourg. Il vit à Marin dans le canton de Neuchâtel. Dessarzin a étudié l’architecture, le dessin, les arts appliqués et peint depuis 1970. Ses oeuvres sont présentes dans de nombreuses collections en Suisse, France, Italie, Canada, Angleterre. Expositions: 1970: Neuchâtel
Tableaux de Jean-Daniel Dessarzin en vente sur notre site Tableaux de Max Theynet en vente sur notre site
Exposition du 27 août au 25 septembre 2016 Galerie des Annonciades 10 rue du Quartier CH-2882 Saint-Ursanne Ouvertures : samedi-dimanche 14h00-18h00 et sur rendez-vous
ENTRÉE LIBRE
|