Henri MAYOR Sculpteur suisse (1919-1994)
Artiste sculpteur vaudois né à Oleyres en 1919, autodidacte. Jeune enfant il sculptait des bas-reliefs dans la molasse d'Avenches grâce au canif que son père vétérinaire lui avait offert. A 8 ans il sculptait déjà le bois avec passion ce qu'un enfant a de plus cher : ses jouets. Plus tard il a appris le métier de fabriquant de sièges anciens et modernes à Avenches, ce qui lui a permis de devenir un virtuose du modelage, du tournage et de la sculpture. Domicilié depuis 1984 à Grandson (VD), son atelier était situé dans les abris anti-aériens rue des Colombaires. De sculpteur figuratif (animalier), Henri Mayor est devenu au fil de son art un abstracteur du figuratif. La prodigieuse métamorphose a été abordée il y a des années déjà et n'a cessé de refléter son grand amour de la nature. Il crée des oeuvres dans des supports aussi différents que les bois (acajou, palissandre, érable, cerisier, poirier), les pierres ou les bronzes. L'artiste achète l'arbre entier, des billes, qu'il laisse sécher cinq, dix ans. Puis il reconstitue des masses par collage, en tenant compte des veines. La sculpture une fois sortie du bloc, il procède à huit ponçages, toujours plus fins. Ensuite la pièce est mouillée et redevient sèche, et il faut poncer deux nouvelles fois. Mais ce n'est pas tout ! Après il faut huiler, teinter, puis polir à la gomme laque. Des centaines d'heures de travail. Henri Mayor se défendait d'être un artiste bien qu'il en possédait les qualités. Il se vantait d'être un artisan.
Henri Mayor aime sentir sous sa gouge un bois qui a de la veine "Pour le bronze fait à partir d'une sculpture en bois il faut d'abord éliminer tous les défauts à la lime, à la toile d'émeri, par soudures. Ensuite on peut polir ou laisser brut. Si on laisse la pièce comme çà, elle s'oxyde d'elle même par l'air du temps. Mais au lieu d'attendre deux, trois, quatre ans, pour avancer, on la bronze au sulfure d'antimoine et à l'amoniaque. On fait une pâte, un vernis dont on l'enduit, et quand elle est sèche, on la brosse. On laisse plus ou moins longtemps et on répète l'opération une ou deux fois selon l'effet désiré. Çà donne la même patine, à peu près, que le temps... On peut aussi bronzer noir, noir ébène, repolir les angles or. Extraordinnaire." "Je n'ai pas eu de maître. J'ai tout appris par moi-même. Que ce soit le dessin, la taille du bois, de la pierre. Alors je ne subis pas l'influence d'un maître, pour retomber toujours dans le même style. Moi je fais ce que j'ai envie de faire, et comme j'en ai envie. Je sculpte pour moi, je ne sculpte pas pour les gens...du reste, je n'aime pas vendre. C'est pour çà que j'arrive à la centaine, je ne pousse pas, je freine... On m'arrache les tripes, quand on m'achète une sculpture !" "Je ne cherche pas trop à vendre. Pas plus que je n'aime beaucoup exposer. Je ne le fais que pour renouveler mon stock de bois et couvrir mes frais, qui sont énormes... Or je me suis toujours interdit de prendre un seul centime sur mon budget familial. Et puis.... j'ai beaucoup de peine à me séparer d'une de mes oeuvres. D'aucun me reprochent même de les cacher, eh oui !"
Richard Loewer : Henri Mayor travaille essentiellement pour lui-même, pour se libérer car tout ce qui lui passe par le coeur et par le plexus, il faut qu'il le crie. C'est un violent qui frappe avec une gouge et un maillet. Mais un violent tendre car, une fois qu'il s'est battu, il chéri sa "victime". A la limite, il souhaiterait conserver jalousement tout ce qu'il crée, ne pas courir le risque de voir disparaître l'un de ses enfantements. "Je suis demandé à Bâle, à Paris et ailleurs. Mais je n'irai pas. Parce que vous comprendrez, quand on me les achète, mes sculptures, c'est un peu comme si je vendais mes enfants..." Henri Mayor poli son œuvre afin que non seulement sa forme provoque l’émotion artistique, mais aussi la veine du bois, amoureusement étudiée et mise en valeur dans toute la réalisation du sujet. Henri Mayor me dit, non seulement de la voix mais surtout avec de chaudes modulations de gestes, la facilité de l’acajou, le merveilleux veinage du noyer, mais également le teck, le poirier, le cerisier, ses matériaux de prédilection. Anouk Ortlieb : Henri Mayor tire son inspiration de sa vie de tous les jours, d'une certaine réalité et d'une puissante imagination. Il parle de sa création artistique ainsi : "Si le bonheur d'expression semble toujours aller de soi, il pourrait bien n'être que l'instrument de recherche d'un véritable bonheur".
« Les danseuses » - 1982, sculpture en acajou Oeuvres de Henri Mayor en vente sur notre site
Expositions : 1971 : Cressier, Salon des 3 dimanches, première exposition 1974 : UBS Neuchâtel, inauguration des nouveaux locaux 1975 : Musée d'Art et d'Histoire de Neuchâtel 1983 : Musée d'Art et d'Histoire de Neuchâtel Nombreuses expositions dans son atelier à Grandson (VD)
Henri Mayor lors de l'exposition organisée par le garage Lanthemann (Cortaillod, Juin 1993)
Oeuvres de Henri Mayor en vente sur notre site
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